mardi 9 novembre 2010

CHIC ART FAIR

Cité de la Mode et du Design, Paris
22 - 25 octobre 2010

(Exposition Docks en ciel. Commissaire : Adrien Pastenak)


A l'occasion de la Chic Art Fair, je participe à l'exposition Docks en ciel sur la terrasse de la Cité de la Mode et du Design. J'y présente une pièce inédite, ESPACE-ESCAPE (2010, panneau métallique peint) et une installation plus ancienne, Clavier dispersé, (2001, tiges métalliques et touches de clavier d'ordinateur).

Entretien avec Adrien Pasternak (extraits) :

Quelle a été ta première impression en visitant la Cité de la mode et du design ?
J'ai été séduit par la situation du site, le long du lit du fleuve, et par l'inscription architecturale du batiment dans le paysage, avec cette terrasse-pont de bateau qui dégage un espace large, ouvert au ciel. La virginité de ce lieu, encore non exploité, m'a aussi parue inspirante.

Dans ton projet in situ « espace escape » (2010), la notion d’espace est – par définition - la première chose que tu prends en compte dans ce lieu. Comment qualifierais-tu à titre personnel la notion d’espace dans un tel lieu ?
Comme je l'ai dit, un espace d'ouverture et d'étendue, et ce à grande échelle. Une telle portion de ciel s'offre rarement aux yeux dans Paris. C'est vrai que le mot espace m'est venu spontanément à l'esprit lors de ma première visite, en débouchant sur la terrasse. Je me suis aussi imaginé ce que pouvait donner la vue de nuit d'un ciel étoilé depuis cette terrasse…

Tu joues à juste titre sur ce projet, comme dans une bonne partie de tes œuvres, avec les mots. Le second projet que tu proposes s’intitule Clavier dispersé. Ici il s’agit d’une pièce antérieure (2001) également pensée dans une réflexion tenant compte de l’environnement. Dans cette création, des tiges métalliques se dégagent du gazon. S'agit-il d' une touche musicale pour donner un certain rythme au visiteur ?
Je n'ai pas pensé cette pièce en termes musicaux. Il s'agit plutôt pour moi de disséminer un texte possible dans le réel, d'infiltrer des lettres et des mots dans les choses, pour signifier leur imbrication, enfin d'évoquer la puissance du langage, objet de culture, au milieu de la végétation, objet de nature. C'est l'opposition entre les touches bien rangées du clavier d'ordinateur et les multiples combinaisons de mots épars qu'il recèle qui m'intéresse. On dit parfois en littérature qu'un auteur fait "éclater le langage", c'est un peu l'expérience que j'ai voulu tenter de façon prosaïque mais néanmoins poétique. J'ai réalisé une autre pièce la même année, titrée "clavier étendu", qui consistait cette fois-ci en un clavier unique réunissant les touches de trois claviers différents, un clavier "augmenté" en quelque sorte....

Dans l’ensemble des projets retenus pour cette exposition, une grande partie des artistes décident d’aborder le ciel comme un environnement qui habille l’œuvre. Le ciel n’est pas forcément abordé d’une manière directe mais il est souvent pris en compte. En revanche, chez toi on ne pourrait pas dire que le ciel prime dans les deux projets proposés (bien que l’une des œuvres parle de l’espace). Le clavier dispersé est constitué d'éléments si petits qu’ils nous ramènent à un rapport très humain, et terre-à-terre avec le lieu. Idem pour cette pancarte qui pourrait être une signalétique d’autoroute.
L'inscription du mot "espace" et du mot "escape" sur fond de ciel est important pour moi : c'est ainsi que je voudrais que le mot fasse image. Il s'agit en quelque sorte avec cette pancarte de légender le paysage dans lequel elle s'inscrit. Le ciel peut alors se lire comme un espace mais aussi comme une porte de sortie... Mais une autre lecture possible est celle du déplacement du jargon informatique ("touche espace", "touche escape"), vers un contexte qui le poétise.
Le "clavier dispersé" est, quant à lui, effectivement volontairement petit et surtout discret : c'est un texte qui se camoufle en quelque sorte dans la végétation.

Au bout des tiges de Clavier dispersé, apparaissent des touches de clavier d’ordinateur, dispersées comme une sorte de terrain vague flottant dans l’espace. As tu aussi pensé en termes d’espace en me proposant d’exposer ce projet ?
J'ai voulu en tout cas intervenir directement dans l'espace qui m'était proposé, en m'y glissant subrepticement.

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